Un jour, j’ai demandé à mon père « d’après toi, quand est ce que j’ai commencé à m’intéresser à l’image ? » Il m’a répondu « quand tu as atteint la taille suffisante pour attraper mon appareil photo, posé sur un meuble du salon ». Donc très tôt, parce que je me souviens du meuble, et qu’il n’était pas très haut. Adolescente, je considère que l’appareil m’appartient un peu. Je passe mon année scolaire à photographier. Puis je passe mes vacances enfermée dans la salle de bain, transformée en laboratoire de développement photo. A côté du dentifrice, il y a un bac de fixateur. Près du gel douche, il y a un agrandisseur. Sur l’étendoir, mes tirages sèchent. Très vite, je veux intégrer une école multimédia et devenir photographe. Mais quand mes parents étudient les tarifs des écoles, la sentence tombe : « on a pas les moyens ».
Tant pis, je me débrouillerais seule. J’ai 13 ans, je suis en quatrième et je décide de lancer mon activité. Je prends du papier, des ciseaux, et un crayon et je dessine le logo de mon studio photo. Puis je le dessine encore, et encore. Et je découvre que ça me plait aussi, de dessiner. Alors je m’intéresse à la typographie. Et aux couleurs. Et à l’image. Et je découvre le graphisme. Je découvre qu’il existe un métier qui mélange différentes formes de création, je découvre que je veux être directrice artistique.
Il faut que je trouve un stage en agence de publicité. J’appelle, j’écris, je signe. Je rencontre un univers de gens curieux, passionnés, du concepteur au directeur de création, du chef de projet au maquettiste pao, de l’infographiste au webdesigner, de l’intégrateur au chef de produit… Je veux être toutes ces personnes à la fois. Je veux évoluer dans les métiers de la communication. Un illustrateur me confie que les écoles d’art ne servent qu’à la culture générale de l’image, et qu’avoir un mastère ne me servira pas à décrocher un poste. Pour lui, l’important c’est le terrain et le portfolio. Je l’écoute. Je veux travailler, de suite. J’ai 14 ans et je suis pressée d’être adulte, parce que je suis pressée de concevoir. Je me renseigne au cdi du collège. Je trie les fiches métiers niveau bac, je m’intéresse au BTS design graphique, aux métiers de l’internet, aux formations arts graphiques, aux débouchés. Je trouve une formation en alternance et je signe mon premier contrat dans une agence de communication. Je commence en tant qu’assistante d’une graphiste, et je passe mon BAC professionnel de design graphique, riche de 3 ans en agence. Je veux plus. J’ai 17 ans, j’ai mon Bac en poche et les vacances ne m’interessent toujours pas. Je veux créer.
Après le bac, je signe chez Anapurna, l’agence de publicité toulousaine qui fait parler d’elle. Je suis assistante Directrice artistique en alternance. J’entame un BTS communication visuelle. Deux ans où je plonge plus profond. Je m’essaie aux métiers du web, au marketing, au motion design, au packaging… Je travaille main dans la main avec un directeur de création formé dans les meilleures agences parisiennes, je progresse, chaque jour, et je finis par signer un CDI.
J’ai 22 ans. J’ai 7 ans d’expérience. Je m’associe à Kamel Chelbab et Benjamin Seff, deux créatifs, issus de grandes agences parisiennes. L’un est concepteur, l’autre est directeur de création. Ils gèrent les mots, les idées, je gère l’image. On fonde l’agence Les Autres. De charte graphique en projet web, de conseil stratégique en packaging primé, l’agence commence à faire du bruit. Très vite, on embauche un assistant directeur artistique, un motion designer et un web designer. L’équipe s’étoffe et on continue à créer. Guidés par une passion commune pour les arts appliqués, la création graphique, la stratégie de communication, l’agence séduit des clients nationaux et internationaux.
Aujourd’hui j’ai 32 ans, l’agence en a 10. Elle a grandit avec moi, j’ai grandi avec elle. On a créé, ensemble, des supports de communication, de l’identité visuelle, de la campagne publicitaire… On a séduit des grandes marques et des petits clients. On a eu des briefs, des contraintes, des prix, des collaborateurs, des amis. C’est ma plus belle histoire. Pour qu’elle puisse grandir, encore, l’agence s’est rapprochée d’un groupe et salarie désormais plus de 25 personnes. Aujourd’hui j’ai 32 ans, mon agence tourne toute seule. Je continue à intervenir sur la direction et sur différentes missions en tant qu’eye supervisor et je conseille des marques en freelance.
Bref, je m’appelle Laura, et je suis directrice artistique.
Mon parcours en quelques dates :
1998 – Exposition – portraits d’auteurs – Salon de la BD – Paris
1998 – Exposition – portraits d’auteurs – Festival de la BD – Eauze
1999 – Assistante Directrice Artistique – DDB Toulouse
création graphique, infographie, édition
1999 – Exposition photo / les noirs – DDB Toulouse
2000 – Exposition photo sur le théâtre Aleph de 1960 à aujourd’hui
Photos de Robert Doisneau et Laura Clemente (je vous jure que c’est vrai, demandez à mes parents si vous me croyez pas.)
2000 – Assistante Directrice Artistique – Anapurna Design
création graphique, infographie, édition
2001 à 2007 – Directrice Artistique – Anapurna
création graphique, création de campagne publicitaire, création de charte graphique, packaging
2007 à aujourd’hui Directrice Artistique – Les Autres
Direction artistique, stratégie digitale, conseil en communication, conseil en image de marque, création graphique, identité visuelle, packaging
webdesign, réalisations vidéo, shooting photo
2008 – Prix de l’innovation packaging
Les ptits smoothies – Innocent
2009 – Affiche d’argent
Campagne Toulouse Interim Handicap
2018 – Freelance
Direction artistique, stratégie digitale, conseil en communication, conseil en image de marque, création graphique, identité visuelle, packaging
webdesign, réalisations vidéo, shooting photo